POUR EN FINIR AVEC LES PRÉLIMINAIRES
Bon… là, ne t’inquiète pas! Loin de moi l’idée d’abolir ce qu’on appelle les « préliminaires », au contraire! Étant aux prise avec des douleurs lors de la pénétration, je suis bien placée pour apprécier les caresses, la masturbation mutuelle, le sexe oral, alouette! C’est justement cette incapacité à pratiquer la pénétration qui me pousse à revoir la définition des préliminaires. Si toutes ces pratiques ne servent que d’introduction à la pénétration, est-ce que ça veut dire que je n’ai pas réellement de relations sexuelles? Ben non, quin toi!
Parler de préliminaires, c’est sous-entendre qu’une relation sexuelle n’est complète que lorsqu’il y a pénétration et c’est problématique pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’une vision hétérocentrée des rapports sexuels. Elle exclut la possibilité que des personnes ne correspondant pas au culte de l’hétéronormativité puissent avoir des rapports sexuels.
De plus, en mettant l’accent sur une action bien précise, l’idée de la pénétration perçue comme le but de la relation sexuelle ne tient pas tout à fait compte de la notion de bien-être. En se limitant à une seule pratique, on oublie souvent de prendre le temps de se découvrir et de penser à ce qui fait du bien. C’est tellement dommage de passer à côté de toutes les possibilités qui s’offrent à nous pour notre bonheur et notre plaisir! Pire encore, la notion que ces gestes ne sont en fait que préliminaires peut forcer certaines personnes à adopter des pratiques avec lesquelles elles ne sont pas confortables, simplement parce que c’est ce qui est attendu de leur part. Avant d’explorer ce qui nous fait du bien, il faut surtout apprendre à nous respecter et à mettre nos limites.
La notion de « préliminaires » désexualise également les personnes pour qui la pénétration est douloureuse, voire impossible. Que ce soit à cause de vaginisme, d’endométriose, de dérèglements hormonaux, de douleurs suite à une opération, de traumatismes ou autres, de nombreuses personnes sont tout simplement incapables de pratiquer la pénétration.
Bref, parler de préliminaires exclut toute une partie de la population et peut mener à des comportements toxiques. Pourquoi ne pas plutôt valoriser et reconnaître les différentes pratiques et y inclure les personnes en situation de handicap, avec des douleurs chroniques ou des troubles érectiles… tout le monde, quoi! Les kinks, les jeux de rôles et de sensations, la masturbation mutuelle, les caresses, le sexe oral, les baisers : ces pratiques consistent toutes en des rapports sexuels à part entière.
Le monde est complexe et rempli de zones grises et c’est en remettant en question les petits gestes du quotidien qu’on peut aider à construire un espace un peu plus tendre et inclusif!
- Catherine Chevrier-Lord, co-fondatrice de Minuit Tendre
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